Bassin versant solidaire

Bassin versant solidaire

En 2015 au sud de Bruxelles, dans la commune de Forest, un ensemble de collectifs se réunit pour faire face aux problèmes d’inondations que la commune rencontre. Ils décident collectivement de créer un type particulier d’assemblée appelée « Bassin versant solidaire de Forest ».

Le mécanisme des bassins versants solidaires vise à aménager des espaces communs (entre le privé et le public) autour de la gestion et des usages de l’eau entre les différentes actrices et acteurs d’un même bassin versant.

Description

Une solidarité de bassin versant1 peut être envisagée sur un territoire donné autour de la notion de communauté hydrologique (une sorte de sous-bassin versant composé d’habitant⋅e⋅s et d’acteurs/trices locaux mettant en commun leurs savoirs et savoir-faire). Concevoir les personnes vivant dans le même bassin versant comme appartenant à une même communauté permet alors de construire des solidarités et des espaces de gestion commune des problématiques liées à celui-ci.

Il y a solidarité de bassin versant lorsque, par exemple, les habitants de l’amont d’un bassin versant se soucient des habitants de l’aval, plus exposés aux risques d’inondations, et qu’ils élaborent ensemble une réflexion et des réponses communes à ces problèmes.

Le collectif Bruss-Eau qui est à l’origine du Bassin versant solidaire de Forest, en donne la définition suivante :

“Le bassin versant solidaire est une forme instituée de la solidarité de bassin versant, un espace de rencontre pour une gestion intégrée de l’eau, réunissant habitant⋅e⋅s, communes et acteurs/trices de l’eau. Le but est d’en faire un lieu de débat et de dialogue entre les points de vue d’une gestion de l’eau à la source et ceux, classiques, de gestion de l’eau via les tuyaux”.
(http://brusseau.be/lexiques/bassin-versant-solidaire)

Expériences / Cas d’usage

De nombreuses inondations ont pu être constatées sur le territoire de la commune de Forest. Jusqu’à la création du Bassin versant solidaire, en 2015, la prise en charge des eaux pluviales était considérée comme une question essentiellement technique, relevant des opérateurs publics en charge du réseau d’égouts et d’épuration.

Dans le cadre des États généraux de l’eau à Bruxelles (EGEB) des débats publics ont aidé à transformer un problème d’experts en un problème politique commun.

Des sessions collectives d’arpentage et d’exploration du territoire ont conduit à la réalisation d’une cartographie collaborative. Celle-ci a permis d’élaborer un diagnostic commun et des propositions d’actions susceptibles de répondre aux problèmes relevés. Pour les EGEB, il s’agissait aussi de créer un espace commun de débat et de discussion qui rende intelligibles les exigences et les pratiques de chacun : habitants, opérateurs, ingénieurs et aménageurs.

Ce travail a fait émerger l’idée de Nouvelles rivières urbaines (NRU) — des parcours en plein-air pour les eaux pluviales — à même de limiter les inondations. Celles-ci se sont concrétisées autour de deux principaux projets : une “coulée verte et bleue” (dans la quartier durable Neptune) et le raccordement de deux petites sources locales (le Calvaire et le Leybeek) à une plus grande (la Senne) pour désengorger le réseau d’égouts.

Conditions de mise en œuvre ou de développement

  • Mettre en place des temps de rencontre et d’échanges transversaux sur le territoire (habitants, communes et acteurs/trices de l’eau)
  • Cartographie de la présence de l’eau et de ses différents usages locaux
  • Commencer à repenser les usages de l’eau par de petits projets concrets d’urbanisme (type “coulée verte”)
  • Instituer et formaliser le collectif pour assurer la pérennité (organigramme clair et partage des responsabilités)

Enjeux, leçons apprises de l’expérience

Sobriété/soutenabilité/résilience

Un projet comme le Bassin versant solidaire est une forme d’institution locale citoyenne en commun. En prenant appui sur la question centrale de l’eau (tant d’un point de vue alimentaire, sanitaire, urbanistique qu’écologique), un tel projet invite à penser autrement et en collectif les questions de sobriété, de soutenabilité et de résilience à l’échelle d’un territoire.

La reprise en commun de la géopolitique locale de l’eau est une étape importante dans la mise en place d’une durabilité écologique municipale.

Intercommunalité et solidarité

Tenter de traiter de la question de l’eau en commun en contexte municipal apparaît comme une manière très pertinente d’agir de façon intercommunale. En effet, réfléchir en collectif à partir d’un bassin versant oblige à travailler sur le territoire en question, mais aussi sur son amont et son aval.

Cela engage donc des solidarités territoriales nouvelles autour de l’idée d’une responsabilité partagée de la gestion et des usages de l’eau, tournée vers le soin des autres communautés hydrologiques environnantes (qui sont aussi des communautés habitantes).

Pérennité ?

Le dernier point en suspens avec le projet de Bassin versant solidaire est celui de sa capacité à durer dans le temps. En effet, celui de Forest en Belgique s’est arrêté, et si deux autres sont en préparation, ils ne sont toujours pas opérationnels.

À cet égard, la question de l’institution des relations collectives — leur formalisation dans une structure locale concrète — est peut-être l’un des enjeux formels les plus importants pour assurer la pérennité de solidarités hydrologiques intercommunales.

Ressources


  1. Un bassin versant est une portion de territoire irriguée par un même réseau hydrographique. Cette portion de territoire est donc délimitée par des lignes de crètes (ou ligne de partage des eaux). Dans celui-ci, tous les flux d’eaux suivent, du fait des conditions géographiques, une pente naturelle et se concentrent vers un même point de sortie appelé exutoire. Les politiques institutionnelles de gestion de l’eau (SAGE et SDAGE, en France) utilisent les portions de territoires délimitées par ces bassins versants. 

Fiche réalisée par

  • Thomas Germain
  • Marin Schaffner

Publiée le